Speedy Beatie est la première femme israélienne marathonienne Haredi et elle a défrayé la chronique en courant le marathon de Tel Aviv alors qu’elle était enceinte de 7 mois! Dans cet interview à Ynet elle nous explique comment c’est possible…
Vêtue d’une jupe et d’un foulard comme la tradition l’exige, Bracha Deutsch est mère de cinq enfants et habite dans le quartier de Har Nof à Jérusalem. Elle a été la première à franchir la ligne d’arrivée aux championnats nationaux de semi-marathon et elle se tourne maintenant vers les Jeux olympiques.
Cette surprenante marathonienne passe son jeudi à préparer à manger pour le shabbat car, devinez quoi… Bracha participe à une course vendredi matin!
Cela peut sembler bizarre, voir complètement fou pour certains, mais Bracha « Beatie » Deutsch, 29 ans est bien réelle!
C’est bien la première athlète féminine Haredi qui a créé l’événement en remportant le championnat national de semi-marathon israélien en décembre, avec un record personnel de 1 heure, 19 minutes et 51 secondes.
Mais Bracha Deutsch n’a pas autant la grosse tête. « Il est beaucoup plus difficile d’être la maman de cinq enfants que de courir un marathon », dit-elle.
« La course à pied est un jeu d’enfant comparée à apprendre à un enfant à faire sur le pot. »
En effet, son compte Instagram est plein de photos de ses deux amours – ses enfants et la course à pied.
Son nom d’utilisateur est « marathonmother » 😉 surprenant non?
Avant cette victoire, personne, même à l’association d’athlétisme israélien, n’avait entendu parler d’elle.
Pendant la course, son mari Michael, enseignant en yeshiva et étudiant en informatique, était à la maison pour s’occuper des enfants. Sa femme l’a appelé peut de temps après le franchissement de la ligne d’arrivée pour lui annoncer la bonne nouvelle.
« Je me sentais vraiment bien jusqu’à la fin de la course…Dieu m’a donné les forces nécessaires pour gagner la course. »
« C’est vrai, je suis le premier champion Haredi », déclare Beatie, qui a émigré du New Jersey il ya huit ans en Israël.
« Il n’y a qu’une poignée d’athlètes ultra-orthodoxes. La plupart des Haredim sont occupés à apprendre la Torah et n’ont pas le temps de penser au sport », dit-elle.
« Beaucoup de gens me demandent s’il y a une contradiction entre religion et sport, et je ne vois vraiment de raison de se poser cette question … Prendre soin de son corps et de son esprit est une mitzva. »
« Dans le monde Haredi, quand on s’écarte de la norme, on est toujours en proie aux critiques, mais j’ai toujours su que ce que je faisais était bien « , ajoute-t-elle.
Pour Beatie, chaque course est une expérience spirituelle.
« Dans mon esprit, la course à pied est avant tout un moyen de se libérer de tous les égarements. Je peux atteindre un niveau très élevé de spiritualité en courant … je parle à Dieu quand je cours.
Certaines personnes préfèrent aller dans les bois pour parler à Dieu; je le fais en courant… », dit-elle.
Deutsch pratique le sport depuis son enfance aux États-Unis.
« Je pratiquais le taekwondo aux États-Unis », dit-elle. « Mais depuis que j’ai déménagé en Israël il y a huit ans, j’ai arrêté quand je suis devenue mère. J’ai eu cinq enfants en six ans et je n’ai pas eu une minute de libre. Je ne pensais même pas que c’était possible. C’est seulement quand ma sœur m’a battue à la course, quelques mois après mon quatrième enfant, que je me suis rendu compte qu’il était temps que je recommence une remise forme. Je me suis fixé pour objectif de courir le marathon pour me mettre un défi. »
« Le marathon de Tel Aviv fût ma première compétition. Je m’imaginais finir en 4h40, un résultat honorable pour la première fois. Mais mon mari, Michael, pensait que j’étais capable de beaucoup mieux. Il savait ce que je valais et a estimé que je finissais en 3 h 30.
Quel ne fut pas mon étonnement quand j’ai appris que j’avais terminé la course en 3 heures 27 minutes, un excellent résultat pour une novice sans expérience. »
L’année suivante (en 2017), alors qu’elle était enceinte de sept mois (!!), Deutsch courut jusqu’à la ligne d’arrivée, le marathon de Tel Aviv.
Mais soyez rassurés, elle s’est inscrite à la course seulement après avoir consulté son père qui est obstétricien et qu’il l’ait rassurée sur le fait que la compétition ne présentait aucun danger pour elle ou pour le fœtus.
C’est donc en portant un bébé de 7 mois qu’elle parcourut 42,195 kilomètres en 4h07, un score incroyable pour une femme enceinte.
« Beaucoup de gens qui m’ont vu courir alors que j’étais enceinte, se sont dit : Si elle peut le faire, nous aussi nous pouvons! – Yes we can! – Et finalement ma grossesse et l’accouchement se sont déroulés sans problèmes »
En mars 2018 elle participa et termina deuxième dans sa catégorie aux 10 km du marathon de Jérusalem.
Source : Bracha Deutsch Instagram
Logo de la fédération nationale d'athlétisme
« J’espère être le premier athlète juif ultra-orthodoxe aux Jeux olympiques »
Pour les professionnels du sport, la victoire de Deutsch n’est pas le fruit du hasard.
Arie Gamliel, l’ancien champion d’Israël de course longue distance qui a concouru pour Israël aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, a été très impressionné par Deutsch.
« Elle m’a étonné, » dit-il. « Deutsch a d’excellentes proportions pour la course à pied. Elle est mince, relativement petite, a un bon rythme et un bon style. Si elle commence une formation professionnelle, elle atteindra les plus hauts niveaux. »
Deutsch sait qu’elle doit encore progresser et pousser encore son programme d’entraînement si elle veut devenir professionnelle.
Alors que ses enfants sont encore au lit et que les rues sont calmes, Deutsch, surnommée « Speedy Beatie » par ses amis, se lève à 5 heures du matin tous les matins et part courir. En semaine, elle court également au stade de l’Université hébraïque tout en travaillant à plein temps en tant que liaison pour l’organisation juive internationale « Olami ». « Gagner la course augmentera ma crédibilité aux yeux de mes étudiants », dit-elle.
Le vendredi 4 janvier, Deutsch participera au marathon de Tibériade, où elle espère monter sur le podium. Et après cela, elle rêve des Jeux olympiques. Et même si elle est encore très loin d’atteindre cet objectif, elle est résolument optimiste. »J’ai de la patience », dit-elle. « Je ne cours que depuis trois ans. J’espère être le premier athlète juif ultra-orthodoxe aux Jeux olympiques. »
Les médias sportifs internationaux, qui s’intéressent souvent de près aux tenues des compétitrices, manifesteront certainement beaucoup d’intérêt pour votre tenue de compétition, qui comprend une jupe, une chemise à manches longues et un foulard.
« J’ai des jupes confortables et je suis heureuse que ma tenue vestimentaire pudique ne compromette pas mes chances de gagner. Je pense que le fait que les athlètes femmes n’aient pas à exposer leur corps pour gagner des championnats leurs donne un pouvoir supplémentaire. »
Source Ynet en anglais : https://www.ynetnews.com/articlesnc/0,7340,L-5434473,00.html?fbclid=IwAR2WEefLaLvjJeYKmicFOELvDNzNCfX-NCoYu-h2r5EBHen4dCU18Ef6Itk