Jérusalem change de peau : entre tours, démographie et avenir
Jérusalem est en pleine mutation. Des tours de 25 à 38 étages vont bientôt s’élever dans plusieurs quartiers de la capitale. Un changement de paysage qui suscite des réactions contrastées : inquiétude pour certains, espoir pour d’autres. Mais derrière la poussière des chantiers, une réalité s’impose : la ville doit se préparer à accueillir plus d’habitants, à créer des emplois et à retenir ses jeunes familles.
Trois grands projets de renouvellement urbain
La commission régionale de planification a approuvé trois programmes majeurs de construction le long des lignes du tramway. Au total, 1 880 nouveaux logements sont planifiés.
📍 Quartier Pat
3 tours de 25 à 38 étages
~ 550 appartements (dont 110 petits logements)
École, crèches, espaces publics, commerces
Un lien direct au tramway et une nouvelle place urbaine
📍 Quartier Kiryat Moshe
1 tour de 35 étages + 2 bâtiments de 7 étages
~ 220 appartements (dont 44 petits logements)
Nouveaux commerces et espaces communautaires
Amélioration de la connexion avec l’avenue Herzl
📍 Quartier Kiryat Yovel
5 tours de 27 à 33 étages
~ 1 100 appartements (dont 220 petits logements)
Espaces communautaires (synagogue, crèches, services)
Meilleure accessibilité aux parcs voisins et au tramway
La pression démographique
Près d’un million d’habitants : la population métropolitaine de Jérusalem est estimée à 996 732 en 2025.
Croissance annuelle : environ 1,3-1,4 %, l’une des plus fortes du pays.
En 2020, Jérusalem comptait ~951 100 habitants, soit une hausse de 45 000 habitants en cinq ans.
Le coût du logement : un moteur de départs
Le marché immobilier est particulièrement tendu :
Appartement 4 pièces : ~ 3,33 millions ₪ (+11,9 % en un an)
Appartement 3 pièces : ~ 2,52 millions ₪ (+14,4 % en un an)
Loyer pour un 85 m² : ~ 6 500-7 000 ₪/mois
Studio 45 m² : ~ 3 400 ₪/mois
Ces prix poussent de nombreuses familles à chercher ailleurs. Si les chiffres précis de l’émigration interne à Jérusalem manquent, les études montrent que ce sont surtout des jeunes de 25 à 40 ans qui quittent la capitale pour des villes plus abordables comme Modiin, Bet Shemesh ou Tel Aviv.
Promesses et défis
✨ Promesses :
Offrir des logements variés, dont de petites unités plus accessibles.
Créer des espaces de travail et de commerce pour dynamiser l’économie locale.
Encourager l’usage du tramway et des transports en commun.
Moderniser la ville tout en renforçant ses services publics.
⚠️ Défis :
Assurer que les infrastructures suivent le rythme (routes, écoles, espaces verts).
Rendre les nouveaux logements vraiment accessibles aux classes moyennes.
Préserver l’identité culturelle et visuelle de Jérusalem malgré la verticalisation.
Une ville qui se prépare à l’avenir
Ces projets représentent une révolution urbaine. Oui, le visage de Jérusalem change, et les chantiers vont perturber la vie quotidienne. Mais à long terme, l’objectif est clair : une ville capable d’accueillir davantage d’habitants, d’offrir des emplois, et de garder ses familles.
La grande question reste : Jérusalem saura-t-elle concilier modernité et identité ?
La qualité au cœur de la transformation : un congrès international à Jérusalem
Cette mutation urbaine n’est pas qu’une affaire de chiffres ou de béton. Le 11 septembre 2025, Jérusalem a accueilli le congrès « Bâtir sur la qualité », premier du genre en Israël, organisé à l’hôtel Orient avec le soutien de la municipalité, de la société de développement Eden, de la Jérusalem Development Authority, de Moriyah et de nombreux partenaires professionnels (architectes, urbanistes, promoteurs, associations citoyennes).
👉 Ce congrès, qui a rassemblé plus de 50 intervenants et des centaines de participants, a mis Jérusalem au centre du débat international sur la qualité dans la planification, la construction et le design urbain.
Il a souligné que dans un contexte de densification et de verticalisation, la qualité du bâti, des espaces publics et des services est l’élément clé pour garantir l’adhésion des habitants et améliorer leur cadre de vie.
Parmi les personnalités invitées :
Dr Anthony Wood (Illinois Institute of Technology, ex-président du CTBUH) qui a parlé de l’avenir des villes verticales.
Jens Kramer Mikkelsen, ancien maire de Copenhague, qui a présenté le modèle danois de transformation urbaine.
Experts venus de New York, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, qui ont partagé leurs expériences sur la durabilité, le transport et l’innovation architecturale.
Le maire Moshé Léon a rappelé que « l’enjeu n’est pas seulement de construire plus, mais de construire mieux » et que Jérusalem ambitionne de devenir un modèle national en matière de qualité urbaine.
Ce congrès a aussi permis d’aborder des thèmes sensibles comme :
la conciliation entre densification et patrimoine historique,
le rôle des espaces verts et de l’ombre en période de crise climatique,
et la nécessité d’une coopération entre secteurs public, privé et société civile pour réussir cette transformation.

Editorialiste basé à Jérusalem. Il est actif dans le domaine du digital, notamment en tant que responsable de communauté et créateur de contenu. Il collabore avec Eranim Israel, une organisation axée sur la diffusion d’informations éducatives et sanitaires, en particulier sur la sécurité des médicaments et des vaccins.
Il est également connu pour son engagement dans la gestion de projets numériques, la création de sites web et l’animation de réseaux sociaux (Facebook, Instagram), avec une approche tournée vers l’éducation et la santé publique.