« Jérusalem d’or » : une chanson née d’un miracle
En Israël, peu de chansons suscitent autant d’émotion que « ירושלים של זהב – Jérusalem d’or ». Écrite et composée en 1967 par Naomi Shemer, grande dame de la chanson israélienne, cette œuvre est devenue un véritable hymne populaire, intimement lié à l’histoire moderne de Jérusalem.
Mais l’histoire de cette chanson mythique est aussi celle d’un coup de foudre artistique, d’un contexte national bouleversé, et d’une jeune chanteuse inconnue qui allait, par sa voix claire et pure, faire chavirer les cœurs du pays tout entier.
Un concours, une révélation
En mai 1967, le maire de Jérusalem Teddy Kollek demande à Naomi Shemer de créer une chanson spéciale pour célébrer le Festival israélien de la chanson, qui se tient à la veille de la guerre des Six Jours. La consigne : évoquer Jérusalem, ville divisée, dont la vieille ville est alors inaccessible aux Israéliens depuis 1948.
Naomi Shemer relève le défi et écrit en quelques jours une ode bouleversante, à la fois nostalgique et prophétique. Dans ses paroles, elle évoque l’absence, le désir, le manque de la vieille Jérusalem, « ville solitaire aux murs de pierre ». La mélodie, inspirée de chants traditionnels séfarades, épouse parfaitement le texte. Il ne manque plus qu’une voix.
C’est alors que Shemer découvre Shuli Natan, une jeune chanteuse totalement inconnue, à la voix douce, presque fragile, qui chantait jusque-là dans des cercles de guitare. Convaincue par son authenticité, Naomi Shemer décide de lui confier l’interprétation de la chanson. Une décision audacieuse.
Un miracle musical et historique
Le soir du concours, le public est bouleversé. La jeune Shuli, à la guitare, vêtue simplement, chante Jérusalem d’or dans un silence religieux. Le texte touche une corde sensible chez tous les Israéliens, pour qui Jérusalem est un symbole de spiritualité, de douleur et d’espérance. La chanson remporte le premier prix, et la voix de Shuli entre dans l’histoire.
Quelques semaines plus tard, pendant la guerre des Six Jours, l’armée israélienne entre dans la vieille ville de Jérusalem. Les parachutistes atteignent le Mur occidental, et les paroles de Shemer prennent une dimension prophétique : la ville « revenue au cœur de ses enfants ».
Naomi Shemer écrira d’ailleurs une strophe supplémentaire après la réunification de Jérusalem, modifiant le ton de la chanson pour y intégrer la joie du retour. La chanson, à peine née, devient déjà le chant du moment historique, repris partout dans les rues, les synagogues, les radios.
Un héritage éternel
Depuis ce jour, « Jérusalem d’or » est chantée comme un second hymne national. Elle accompagne les cérémonies officielles, les moments de mémoire, les mariages, les rassemblements de jeunesse. Elle est aussi enseignée dans les écoles, traduite dans des dizaines de langues et reprise par des artistes du monde entier.
Quant à Shuli Natan, cette chanson a lancé sa carrière et restera à jamais liée à sa voix cristalline, celle qui a su porter les mots de Naomi Shemer jusqu’aux profondeurs de l’âme collective.
Conclusion
L’histoire de « Jérusalem d’or » est celle d’un moment suspendu dans le temps, où l’art, l’histoire et la foi se sont rejoints. C’est aussi le récit d’un coup de génie – celui de Naomi Shemer – et d’un miracle vocal – celui de Shuli Natan. Plus qu’une chanson, c’est un symbole vivant de l’amour du peuple d’Israël pour sa capitale éternelle.
אֲוִיר הָרִים צָלוּל כַּיַיִן
וְרֵיחַ אֳרָנִים
נִשָּׂא בְּרוּחַ הָעַרְבַּיִם
עִם קוֹל פַּעֲמוֹנִים.
וּבְתַרְדֵּמַת אִילָן וָאֶבֶן
שְׁבוּיָה בַּחֲלוֹמָהּ
הָעִיר אֲשֶׁר בָּדָד יוֹשֶׁבֶת
וּבְלִבָּהּ חוֹמָה
יְרוּשָׁלַיִם שֶׁל זָהָב
וְשֶׁל נְחֹשֶׁת וְשֶׁל אוֹר
הֲלֹא לְכָל שִׁירַיִךְ
אֲנִי כִּנּוֹר
יְרוּשָׁלַיִם שֶׁל זָהָב
וְשֶׁל נְחֹשֶׁת וְשֶׁל אוֹר
הֲלֹא לְכָל שִׁירַיִךְ
אֲנִי כִּנּוֹר
אֵיכָה יָבְשוּ בּוֹרוֹת הַמַּיִם
כִּכַּר הַשּׁוּק רֵיקָה
וְאֵין פּוֹקֵד אֶת הַר הַבַּיִת
בָּעִיר הָעַתִּיקָה.
וּבַמְּעָרוֹת אֲשֶׁר בַּסֶּלַע
מְיַלְּלוֹת רוּחוֹת
וְאֵין יוֹרֵד אֶל יַם הַמֶּלַח
בְּדֶרֶךְ יְרִיחוֹ.
יְרוּשָׁלַיִם שֶׁל זָהָב …
אַךְ בְּבוֹאִי הַיּוֹם לָשִׁיר לָךְ
וְלָךְ לִקְשֹר כְּתָרִים
קָטֹנְתִּי מִצְּעִיר בָּנַיִךְ
וּמֵאַחֲרוֹן הַמְּשוֹרְרִים.
כִּי שְׁמֵךְ צוֹרֵב אֶת הַשְּׂפָתַיִם
כִּנְשִׁיקַת שָׂרָף
אִם אֶשְׁכָּחֵךְ יְרוּשָׁלַיִם
אֲשֶׁר כֻּלָּהּ זָהָב
יְרוּשָׁלַיִם שֶׁל זָהָב …
חָזַרְנוּ אֶל בּוֹרוֹת הַמַּיִם
לַשּׁוּק וְלַכִּכָּר
שׁוֹפָר קוֹרֵא בְּהַר הַבַּיִת
בָּעִיר הָעַתִּיקָה.
וּבַמְּעָרוֹת אֲשֶׁר בַּסֶּלַע
אַלְפֵי שְׁמָשׁוֹת זוֹרְחוֹת
נָשׁוּב נֵרֵד אֶל יַם הַמֶּלַח
בְּדֶרֶךְ יְרִיחו !
QUI D'AUTRE L'A CHANTÉE ?
La chanson « ירושלים של זהב » (Jérusalem d’or) a été reprise par de nombreux artistes israéliens et internationaux, tant son pouvoir émotionnel et symbolique est fort. Voici une sélection des interprètes les plus célèbres qui ont chanté ou repris ce chef-d’œuvre :
🎤 Chanteurs et chanteuses israéliens :
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שולי נתן (Shuli Natan) — 🌟 interprète originale, révélée en 1967. Sa voix douce est à jamais liée à la chanson.
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נעמי שמר (Naomi Shemer) — l’auteure-compositrice l’a aussi chantée elle-même à plusieurs occasions.
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עפרה חזה (Ofra Haza) — icône de la musique israélienne, elle en a donné une version plus lyrique.
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מירי מסיקה (Miri Mesika) — interprétation moderne et puissante sur scène.
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יצחק מאיר (Yitzhak Meir) — version acoustique très émotive et spirituelle.
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אילנית (Ilanit) — l’une des premières grandes voix féminines d’Israël.
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אריאל זילבר (Ariel Zilber) — a repris la chanson avec une touche plus folk.
🌍 Artistes internationaux ou versions notables :
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Barbra Streisand — elle a chanté une version émouvante lors de son concert en Israël en 2013, en hommage à la ville.
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Sophie Milman — chanteuse de jazz canado-israélienne, a enregistré une version jazzy.
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Chœurs juifs du monde entier — la chanson est souvent reprise par des chorales, des écoles et lors d’événements communautaires.
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Idan Raichel (en concert collectif) — dans des medleys de chansons israéliennes emblématiques.
🎼 Versions instrumentales célèbres :
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Itzhak Perlman — violoniste de renommée mondiale, a joué la mélodie de manière bouleversante.
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Orchestre philharmonique d’Israël — interprétations symphoniques lors de cérémonies nationales.
