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Le syndrome de Jérusalem mais qu’est-ce que c’est?

Il est équivalent au syndrome de Stendhal, à ceci près qu’il ne se rapporte pas aux œuvres d’art, mais au sens religieux révélé lors du pèlerinage de Jérusalem, la ville sainte des trois monothéismes.

Le docteur Yair Bar El, chef de clinique à l’hôpital psychiatrique Kfar Shaul  qui prend en charge ce syndrome, attribue ces crises à la déception. Des pèlerins rêvent des années à cette visite en Terre sainte mais la grande richesse archéologique de Jérusalem reflète surtout les périodes turque, croisée et byzantine sans aucune trace de l’ère préchrétienne et la plupart des sanctuaires chrétiens ont été soumis à la destruction, à la transformation ou à la défiguration au cours de leur histoire mouvementée. Comme la réalité n’est pas à la hauteur de leurs fantasmes, ils deviennent frustrés et se réfugient dans le délire.

1 200 personnes auraient ressenti ce syndrome, à des degrés divers, entre 1980 et 1993, et une quarantaine de personnes est hospitalisée chaque année à l’hôpital de Kfar Shaul.

Les cas sont le plus souvent enregistrés aux abords des grandes fêtes religieuses (Noël, Pâques, Pessah, etc.), et durant les mois chauds de juillet et août. À l’approche de l’an 2000, la fréquence de ce syndrome avait suscité une inquiétude particulière de la police et des milieux médicaux face à une recrudescence d’illuminés et de pathologies hallucinatoires, qui s’est toutefois révélée quelque peu exagérée : le nombre de cas déclarés ne fut pas bien supérieur à celui enregistré dans les années « normales ».

En ce qui concerne la composition confessionnelle des victimes de ce syndrome, 66 % étaient de confession juive, 33 % chrétiens (pour la plupart protestants) et les 1 % restants sans religion sur les 470 personnes hospitalisées à Kfar Shaul entre 1980 et 1993. Cette pathologie ne touche d’ailleurs pas que les seuls touristes et pèlerins, mais aussi des résidents de Jérusalem.

Les principaux symptômes ressentis sont les suivants : anxiété et stress, désir d’isolement, obsession de se purifier le corps (ablutions systématiques, taille des ongles), confection de toges à partir de draps, déclamation de passages de la Bible et chants sacrés, proclamation de sermons, hallucinations, etc.

Les spécialistes de l’hôpital psychiatrique de Kfar Shaul (entre Givat Shaoul et Har Nof) à Jérusalem ont publié en août 2000 dans le British Journal of Psychiatry une étude qui fait le point sur ce syndrome . Parmi les exemples cités dans cet article cet exemple est particulièrement interessant et montre à quel point l’imaginaire du lieu peut parfois perturber certains esprits.

Un touriste américain de quarante ans, souffrant de schizophrénie paranoïde, avait été admis à l’hôpital et traité durant plusieurs années aux Etats-Unis. Il a commencé à travailler sur son image corporelle, en faisant du sport et de l’haltérophilie, dans le cadre d’un programme de réadaptation. Avec le temps, il commença à s’identifier au personnage biblique de Samson (Shimshon). Finalement, il fut submergé par l’obsession de venir en Israël afin de déplacer un des blocs de pierre géants formant le Mur Occidental (Mur des Lamentations) qui, selon lui, n’était pas à la bonne place. Arrivé au Kotel, il essaya de déplacer une des pierres. Ses actions ont déclenché un émoi épouvantable, nécessitant l’intervention de la police et son placement à l’hôpital psychiatrique de Kfar Shaul.

Contrairement à l’usage, le psychiatre de permanence contredit les idées illusoires du patient, lui disant qu’il ne pouvait pas être Samson et que, selon la Bible, Samson n’avait jamais été à Jérusalem. Le patient réagit à cela avec colère, devint agressif, cassa une vitre et s’échappa par la fenêtre. On fit sortir une équipe pour le chercher et une élève-infirmière le trouva debout à un arrêt d’autobus.  En faisant preuve d’une sagesse remarquable, elle lui dit qu’il avait prouvé qu’il possédait des qualités semblables à celles de Samson et qu’il pourrait maintenant retourner à l’hôpital, ce qu’il fit de son propre chef. Un examen hospitalier montra qu’il était dans un état psychotique aigu : il était convaincu qu’il était Samson et qu’il avait une mission à accomplir. Après avoir reçu une médication antipsychotique, il se calma et put retourner chez lui en avion, en compagnie de son père.

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