Quand on parle de la Shoah, on pense immédiatement au musée de Yad Vashem. En effet, ce musée est un lieu extraordinaire de mémoire et d’étude sur la Shoah.
Mais le saviez-vous, il existe à Jérusalem, un autre lieu, fort en émotion, et qui rend hommage aux victimes de la Shoah. Il s’agit du Chamber of the Holocaust Museum. Il se situe aux bords des murailles de la vieille ville, en dehors de la porte de Sion, juste en face de la tombe de David.
On y est accueilli par la statue d’une petite fille tenant son nounours et une valise posée à coté de ses pieds. Tout un symbole du déplacement des populations pendant cette periode dramatique.
Ce musée, composé de plusieurs caves en enfillade et d’une cours baignée de lumière, a été mis en place juste après la fin de la guerre par les rescapés qui arrivaient en Israel. En effet, ils cherchaient un endroit où se recueillir lors du Yarzeit, anniversaire de deuil, de leurs proches morts durant la Shoah. Mais pas forcément disparus par les hautes cheminées des camps de concentration. Un endroit de recueillement pour tous ceux et celles, sauvagement abbatus à coté de leurs villages, sur la place de l’église ou dans les forêts de lEurope de l’Est. Pour se souvenir de toutes ces communautés juives décimées, une pierre tombale pour chacune d’elle est accrochée aux murs quelque part dans ces caves. Et ce sont des centaines, voir des miliers de pierres tombales qui tapissent les murs. Sur chacune d’elles, sont inscrits un texte en hébreu et le nom de la ville ou du village dont les juifs assassinés étaient originaires. Sur certaines, le nom est aussi inscrit en lettres latines mais beaucoup de ces noms ne sont pas connus.(la liste complète des noms est visible sur le site internet des lieux)
En 1948, le 1er Grand Rabbin d’Israel est parti en Pologne récuperer des cendres dans les différents camps de concentration et les a installées dans cet endroit. Ont aussi été ajoutés de nombreux objets, comme des sefer tora (livres de la tora) partiellement détruits par le feu ou tachés de sang. Ils sont conservés ici comme témoins.
Dans un coin une vitrine avec une chemise. En s’approchant on se rend compte qu’elle a été réalisée dans des rouleaux de la tora. Ultime caprice d’un officier SS pour désacraliser et ridiculiser la tora, objet hautement saint du judaisme. Une petite etiquette précise toutefois que le tailleur juif à qui cette demande avait été faite, n’a pu que s’executer car le cas contraire, il risquait sa vie. Mais il n’a choisit pour réaliser cette chemise sacrilège, que des passages de la tora rapportant des malédictions…
Mais les responsables de ce musée, n’ont pas voulu en faire uniquement un lieu de receuillement. Ils ont aussi voulu en faire un endroit d’avenir. Un endroit à la gloire du nouvel état d’Israel. Rappeler à tous, que de ces cendres sont sortis des hommes libres et quelques années plus tard un état démocratique, Israel.
La visite se termine dans une cour, elle aussi tapissée de pierres tombales. Mais celles ci, sont en pleine lumière, bercée par le doux soleil de Jérusalem. Telle une sortie de l’enfer, une renaissance, quelques herbes folles poussent entre les pierres, ultime symbole de la vie plus forte que la mort.
Alors si vous avez une heure devant vous, visitez ce lieu exceptionnel. Le gardien, fils et petit fils de rescapés lui même, vous donnera quelques explications, en hébreu ou en anglais. Il parle aussi quelques mots de français. La visite du musée n’est pas payante, mais on vous suggère de faire une petite donation symbolique de quelques shekels pour garder le lieu en état. Ca vaut bien plus.
Toutes les infos pratiques sur le site http://www.martefhashoah.org/
Tél : 02 671 5105 Horaires d’ouverture : du dimanche au jeudi de 9h à 15h45 et vendredi de 9h à 11h
texte et photos : Valérie Cudkowicz