Une nouvelle exposition vient d’ouvrir au Musée de la Tour de David. Elle s’intitule » The camera man – les femmes et hommes photographes de Jérusalem de 1900 à 1950″.
Shmuel Yossef Schweig – Concert de Hazanout
Jérusalem a été photographiée sous tous les angles par les visiteurs qui venaient la découvrir. Certains comme Mark Twain ont même exprimé leur déception face à cette « petite ville » vers la quelle tous les regards et les espoirs se tournaient.
Le Musée de la Tour de David a décidé de fouiller dans ses propres archives photographiques et de faire parallèlement des recherches extérieures pour présenter la vision de Jérusalem entre 1900 et 1950 à travers les objectifs de plusieurs photographes – juifs, arméniens, chrétiens, musulmans, hommes et femmes – qui ont tous comme point commun d’avoir vécu à Jérusalem.
Si le Mouvement Sioniste avait compris très tôt l’importance de l’image pour faire passer son message, et employait ainsi de nombreux photographes dans ce but, Jérusalem n’était pas sa cible principale. Il préférait de loin présenter la partie « moderne » du pays avec Tel Aviv et les travailleurs des kibbouts.
Moshe (Nioclas ) Sachwartz. The Dome of Rock in the snow
Mais pour autant, Jérusalem n’est pas délaissée par les photographes et nombreux sont ceux qui installent leur magasin-studio le long de la rue Jaffa, qui relie la vieille ville à la route de Tel Aviv. Les voyageurs viennent s’y faire prendre en photo, habillés à la mode locale sur un fond un peu kitsh et ramènent aussi avec eux des photos des différents lieux saints de la ville.
Tsadok Bassan. Ophans busy tailoring at the Diskin Great Orphenage at Guivat Shaul
Ce qui est intéressant dans cette exposition est la différence des techniques et des sujets abordés. On reconnait la patte des photographes venus de l’étranger et établis à Jérusalem : certains photographient uniquement les activités des autorités britaniques et notamment ce qui se passe à l’American Colony. Tsadok Bassan lui est le seul photographe religieux présent dans l’exposition. Son travail tourne autour des portraits de grands rabbanims de l’époque et de scènes de yeshivoth, qui sont envoyés aux donateurs extérieurs et notamment en Amérique. Les femmes, il y en a deux, photographient en intérieur, dans leur studio et sont donc plus spécialisées dans les portraits. D’autres photographes, arméniens ou musulmans, font de leurs photos les premiers clichés d’une propagande arabe.
Il ne faut pas seulement regarder les photos, mais aussi lire les explications et se servir de l’application à télécharger sur son portable et qui donne encore plus de détails pour connaitre les petites histoires derrières les clichés et la vie des photographes. Celle de Elia Kahvedjian par exemple, dont le petit fils tient encore aujourd’hui la boutique de photos de son grand-père dans la vieille ville – Photo Elia – où sont vendues des reproductions des clichés faits par son grand-père, petit garçon arménien vendu à l’âge de 5 ans à un marchand photographe et qui arrivera dans les années 1920 en Israël, à Nazareth pui à Jérusalem où il ouvrira une boutique de photos.
Zvi Orushkes – rugby match 1933
Elia Kahvedjian – watermelons
A noter aussi 2 particularités de cette exposition :
1 – vous pouvez y participer activement en envoyant vos propres photos de Jérusalem, accompagnées d’un petit texte d’explication. Les photos séléctionnées apparaissent sur un écran à l’entrée de l’exposition.
Mail pour l’envoi des photos : Archive@tod.org.il
2 – l’exposition sort aussi des murs du Musée puisque des photos peuvent aussi être vues en face de la station de tramway de Davidka. A noter que les panneaux sont surmontés de panneaux solaires qui en assurent l’éclairage la nuit.
Hanna Safieh. The ice cream seller with his bird, 1940s
Pour plus d’informations sur l’exposition et le Musée de la Tour de David : http://www.tod.org.il/